Nouvelles méthodes de négociation en sortie de crise
Depuis quelques temps, les salariés victimes de plans sociaux et de licenciements collectifs bruts ont tendance à utiliser des moyens plutôt alternatifs pour se faire entendre dans la négociation avec leurs employeurs. La devise semble être « Du fric ou boum » selon Rue89.
Récemment, trois affaires ont provoqué l’ire de certains commentateurs et autres experts en expertologie : les salariés de JLG à Tonneins et ceux de Nortel et de New Fabris. Chacune de ses sociétés a décidé, à tort ou à raison économique peu importe, de fermer des unités de production ou de licencier en masse. Tout cela, en proposant des indemnités de licenciement jugées insuffisantes par les salariés concernées. Aux alentours de 15.000 euros par tête de pipe. Souvent en remerciement de dizaines d’années de loyaux services.
Devant la surdité des directions, le jemenfoutisme des élus politiques, l’inintérêt des médias et l’inaction des administrations, ces salariés n’ont trouvé comme seul moyen de se faire entendre que menacer de faire sauter au sens propre les outils de production ou même les sites tout entier. En réclamant des indemnités plus élevées.
Cette méthode de négociation n’est pas nouvelle. Un premier exemple était apparu en 2000 avec les 160 salariés de l'usine Cellatex. Cependant, aujourd’hui, elle a tendance à se généraliser à un rythme plus soutenu. Faut il s’en inquiéter ?
Le problème n’est pas de juger cette méthode adoptée par certains salariés. Le problème c’est l’absence de dialogue imposé par les employeurs face à ces salariés considérés comme de simples variables d’ajustement. Face à un mur, ces derniers n’ont comme seule solution, pour se faire entendre des employeurs, que d’user de méthodes directes et coups de poing en marge de toute légalité. Malgré cela, le gouvernement ne prend aucune mesure préventive visant le maintien de l’ordre public. On peut penser que, en cas de mise à exécution, les compagnies de CRS viendront protéger les sites.
Le système néolibéral mondialisé permet aujourd’hui d’utiliser la délocalisation de sites comme une moyen de développer les profits des actionnaires. L’Union européenne incite même cette pratique et certaines entreprises en sont familières. Souvenez vous des salariés de Vilvorde en Belgique et la réponse de Jospin qui lui fit perdre les élections de 1995 : « l’Etat ne peut pas tout » à tel point qu’il doit encore s’en mordre les doigts ou autre chose.
Ces comportements collectifs risquent encore de se développer et de s’extrêmiser plus encore. Jusqu’au drame qui, immanquablement, ne tardera pas à surgir et qui appellera une réponse politique à un problème de société, et non pas à un problème socio-économique comme les chantres du libéralisme cherchent à nous le faire croire. La crise ayant bon dos.