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13 juin 2009

Le vote a-t-il encore une utilité ?

IMGP0608Je me pose cette question depuis certains faits qui m’ont profondément choqué.

Rappelez-vous le référendum, en France, sur la Constitution de 2005 où le « non » l’avait emporté. Mais aussi le même et sur la même question mais en Irlande et aux Pays-Bas. Malgré ces votes dans le cadre d’un référendum,  qui est à ce jour l’expression la plus pure de la volonté générale, les Chefs d’Etat et de gouvernements de l’UE ont négocié et signé le Traité de Lisbonne le 13 décembre 2007. Traité de Lisbonne  qui n’est rien d’autre que la copie exacte en légèrement simplifiée du Traité de 2005 sur une Constitution européenne.

Rappelez-vous le vote de la Loi sur le CPE. Pour ceux qui n’ont pas suivi, le CPE, c’est le contrat première embauche qui permettait à n'importe quelle entreprise de recruter un jeune de moins de 26 ans. Ce contrat dont la période d'essai était fixée à deux ans pouvait être rompu à tout moment par l'entreprise et sans justification. Lors de son examen au Parlement en 2006, ce texte a provoqué une vive opposition dans l’opinion et la contestation de plusieurs dizaines de milliers de citoyens, notamment les plus jeunes, concerné au premier chef.

Malgré ça, ce texte a été adopté dans la nuit du 8 au 9 février dans une assemblée largement clairsemée par 51 voix pour (UMP) contre 23 de l’opposition (PS, PC, UDF, Verts). Pour mémoire, l’Assemblée Nationale compte 577 Députés. Cependant, et c’est là que les choses deviennent intéressantes, Jacques CHIRAC, Président de la République de l’époque, s’était publiquement engagé à ce que des modifications soient aussitôt apportées au texte voté par la représentation nationale. Huit jours après sa publication au Journal Officiel, le Premier Ministre Dominique De Villepin proposa de retirer cette Loi et de la remplacer par un dispositif visant à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

Rappelez vous, plus proche de nous, les dernières élections européennes où, parmi les têtes de liste, on trouvait pèle mêle un ministre dont l’objectif est de retrouver son siège de commissaire européen, ce qui n’a rien à voir avec la fonction de Député européen auquel il postule. Un autre ministre qui a publiquement fait savoir que l’Europe doit être faite par des gens qui sont chargés de la faire et qui n’a jamais montré une once de motivation à l’idée de remplir cette fonction, bien au contraire. Encore un ministre qui, une fois élu, souhaite se désengager car justement il ne pensait pas être élu et préfère conserver son marocain ministériel.

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On nous parle souvent de l’incivisme dont ferait preuve le citoyen qui ne remplirait pas son rôle d’électeur. L’abstentionniste, puisque c’est de lui dont il s’agit, se comporte comme un dénigreur de démocratie. Mais pourquoi, l’abstentionnisme devient il, au fil des scrutins, le grand gagnant des élections ?

Tous ces exemples dévoilent deux problématiques essentielles à mes yeux. Notre vote a-t-il encore une signification ? L’acte de voter est-il encore le meilleur garant d’un Etat démocratique ?

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Le vote, par essence, est le moyen, l’outil, d’expression de la démocratie représentative (par les élus) reconnu comme le moyen le plus efficace à ce jour pour assurer la représentation de la volonté générale. Source ultime d’un régime démocratique et non arbitraire assurant la pérennité d’un Etat de droit.

Pour cela, il faut que les individus qui se présentent au suffrage soient conscients et responsables de la tache pour laquelle ils postulent. Un vote n’est pas un jeu, il est un acte grave qui engage le peuple pour l’avenir et qui le représente sur la scène internationale.

Un élu, un prétendant à la fonction d’élu, a des droits mais il a surtout des devoirs. Le premier de ces devoirs, avant même que le vote n’ait lieu, c’est celui d’assumer consciemment et clairement, de manière responsable, le mandat dont il aura à assumer la représentation.

S’il y a bien un domaine qui ne doit jamais faire l’objet de marchandisation, c’est bien l’élection. Un vote ne doit jamais être instrumentalisé ni manipulé. Il doit exprimer la volonté consciente et responsable de celui qui l’exerce. Car qu’est ce être un électeur ? Et au-delà être un humain ? Un être humain qui a le statut juridique d’électeur, celui qui choisit en latin, est désigné comme le citoyen, celui qui appartient à la cité, la polis. Politique. Sans jeu de mot. Un électeur, c’est plus encore car il a une fonction psychologique qui tend à prendre une plus grande importance en fonction des enjeux politiques et sociaux locaux, régionaux, nationaux et/ou internationaux. Le citoyen électeur, c’est celui qui a le pouvoir de changer le cours de son avenir.

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Le prétendant appartient lui aussi à la classe des citoyens. Il vote, mais son vote ne dégage pas le même aura que celui des autres électeurs car sa psychologie du vote est troublée par son subjectivisme qui s’en dégage. Sa responsabilité est ailleurs. L’élu, c’est celui qui est choisi. Il est désigné comme le digne représentant de la classe des citoyens.  Et il doit se conformer aux attentes qui sont posés sur ses épaules de manière loyale, c'est-à-dire, en latin, qui doit se comporter conformément à la loi. La loi du vote. Car le vote est aussi une loi. La plus grande des lois car elle est l’expression directe de la volonté générale. Tel que peut l’être un référendum organisé dans des conditions démocratiques.

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Lorsque des prétendants qui, au cours de la période antérieure au vote, ou lorsque ces prétendants sont définitivement élus à l’issu du scrutin, dénigrent ou renient leurs engagements initiaux. Ils dénient le caractère sacré du vote des citoyens électeurs. Ils prolétarisent ainsi le vote, l’élection, en lui refusant toute reconnaissance  rétentionnelle.  Un vote, une élection, transcende l’être humain. En le désacralisant, ils lui ôtent son caractère sacré, presque religieux, en ce sens qu’ils touchent à Dieu, dans l’imaginaire historique collectif.

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Mes exemples précédents sont des exemples pris au hasard de l’actualité récente. Ils sont ce qu’est devenue aujourd’hui une élection et ce qui explique pour une large part le dénigrement du vote, sa désacralisation par le citoyen électeur. L’abstention, en France, n’a toujours pas de reconnaissance élective, attributive. Elle est déniée à son tour. On ne la considère pas. considerare, de ce qui est observé attentivement.

Cette inattention de la part des pouvoirs politiques et sociaux à l’égard du phénomène abstentionniste est inquiétant. Il est d’autant plus inquiétant lorsque, lors d’un scrutin, il représente près de 59% des suffrages exprimés comme ce fut le cas pour l’élection européenne du 7 juin 2009. Lorsqu’il représente la majorité des suffrages exprimés. Sans comptabiliser les votes blancs ou nuls. Sans compter enfin la masse des individus qui se reconnaissent comme des citoyens français mais qui n’ont pas le statut d’électeur.

59 électeurs sur 100 ne sont pas pris en compte. 75 le seront-ils ? 89 ? 99 ? 100 ?. Qui décidera du plafond au-delà duquel une élection devra se rejouer si l’abstention réunit une large majorité ?

Sommes nous toujours dans un Etat de droit lorsque le phénomène abstentionniste fait l’objet d’une ignorance totale du politique ? Je laisse mon opinion en suspend et vous invite à me proposer la votre.

Huig de Groot

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Commentaires
H
Se repasser la patate chaude est une méthode de gestion propre aux politiciens.<br /> Je vois bien. Mais une chose, selon le canard enchainé, la proposition de Hortefeux serait tombé à l'eau vu le retour qu'en a eu l'Elysée. Cependant, Nadine Morano envisage de lancer discrètement "une concertation sur l'évolution des avantages aux droits des mères de famille concernant leur droit à la retraite". <br /> Cette droite se comporte comme des libéraux orthodoxes dont la priorité passe par deux choses : privatisation des services publics (la santé, la retraite, prochain visé la branche courrier de La Poste et l'éducation) et baisse des dépenses publiques notamment par la réduction du nombre des fonctionnaires. Alors, on pense ce que l'on veut des agents de la fonction publique, mais il faut savoir que si la France a mieux tenu le choc que ses voisins face à la crise financière c'est en grande partie grace à ses services publics qui ont amorti les pertes. <br /> Le système qui est proposé par la droite correspond à ce qu'ont fait à l'étranger des gens Reagan, Thatcher, Bush. Et ça ne marche pas.<br /> J'ai une petite personnelle sur la question qui passerait peut être par un retour vers une régionalisation ou une relocalisation des intérêts des citoyens. Avec la mondialisation de l'économie, les conflits interétatiques disparaissent progressivement pour faire place nette à des conflits interéthniques. Sauf Tchétchénie, ex-Yougoslavie mais qui sont des resurgences de la disparition du bloc soviétique. <br /> Je pense à l'Espagne (Catalogne et Aragon) des années 1935-39 où avaient été mises en place des intitutions locales qui s'autogéraient. <br /> Cet exemple me séduit car il remet entre les mains des individus leur vie et leur devenir. Bien entendu, les institutions politiques, administratives, syndicales ou associatives sont contre ça puisque ça signerait leur perte. <br /> Pour en revenir à votre commentaire, la retraite à 67 ans me choque. Certains emplois ne le permettent pas et de toute manière les entreprises françaises sont frileuses à embaucher des séniors dont le coût social est plus élevé.<br /> Le but sous-jacent est de privatiser la retraite en poussant les français à cotiser parallèlement pour une complémentaire comme pour la santé. Dans le principe, pourquoi pas. Mais ça veut dire que la plupart des français ne pourront pas cotiser deux fois et qu'ils seront lésés dans l'histoire. L'égalité en prend un coup. Comme souvent.
C
je suis bien d'accord oui mais prenons l'exemple des retraites, comment pourrait on garder ce système sans travailler plus longtemps ? je suis persuadée que si on s'en était préoccupé plus tôt le problème serait bien plus "léger" qu'aujourd'hui mais cela n'a pas été fait donc il faut bien trouver des solutions immédiates, aussi difficiles soient telles à accepter non ?<br /> L'idée de bosser jusqu'à 67 ans (et certainement plus si cela continue) ne me plait pas mais dans l'immédiat quoi faire d'autre à part changer complètement le système et trouver une autre solution pour ceux qui arriveraient à la retraite au moment où le système serait changé
H
Ben l'élection au Parlement européen n'est pas un bon modèle pour ça, tant les députés européens n'ont pas de grands pouvoirs et où la commission européenne monopolise l'initiative législative (contradictoire). Le Parlement peut juste rejeter une initiative de la Com. On est dans un système où la création du droit se fait essentiellement par des fonctionnaires non élus et que le lobbying des groupes de pressions à Bruxelles y est très fort comme aux Etats-Unis. <br /> C'est aussi pour ça que l'on juge l'Europe comme quelque chose de très lointain et d'abstrait. Alors que bien au contraire elle intervient sur 80% du droit français des Etats membres.<br /> Et puis cette élection est marquée par des candidatures que j'appelerais du pantouflage. Dati, Barnier, Harlem Desir, etc ne se présentent uniquement que parce que c'est une voie honorable de sortie ou parce qu'ils n'ont rien d'autrre. <br /> Le comportement des abstentionnistes est à rechercher de ce coté là. Quant aux privilèges dont tu parles, regarde le droit social. On entend parler du travail du dimanche, jusqu'à 67ans et du gel des salaires les plus bas. Ce sont des régressions sociales. Et à l'heure de tous ces scandales de PDG, DG et autres qui monopolisent les bonus, stocks options, retraites chapeaux, c'est choquant. Les sacrifices sont toujours pour les mêmes. <br /> Il y a en France un gros problème de morale.
C
Après, comment savoir si notre avis pèse réellement dans certaines décisions... il est vrai que ces derniers temps nous sommes souvent pris pour des enfants incultes qui donnent des avis inintéressants et irresponsables mais parfois n'est ce pas vrai ? A force de vouloir défendre nos privilèges à tout prix sans vouloir sacrifier quoi que ce soit n'allons nous pas tout perdre ?
C
je suis bien d'accord et ai pleinement conscience du problème de désintérêt (surtout pour l'Europe) des Français... c'est déplorable et il faudrait en effet trouver une solution. Il est fort possible que certains n'aillent pas voter parce qu'ils pensent que cela ne pèse pas réellement dans la balance mais ceux que je connais qui n'y vont pas ne le font pas tout simplement parce qu'ils ne réfléchissent pas; et le fait qu'ils se permettent de critiquer m'agace, c'est de la critique gratuite et non constructive.<br /> Pour ce qui est des votes blancs, je sais bien que cela n'est pas comptabilisé et je trouve ça dommage car cela pourrait permettre de voir que des personnes sont intéressées par la "politique" mais ne sont pas en adéquation avec les propositions des "politiciens"
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