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18 septembre 2009

Le suicide au travail

Chers amis le Glide Journal a décidé de faire évoluer ses communications.

Moins d’articles et plus de débats . Débats que nous avions en interne sur certains sujets, et qui, du fait des arguments personnels qui y sont développés seront peut-être plus intéressants pour vous que de simples articles.

Il n’est cependant pas exclu qu’à l’occasion nous ne poussions pas un coup de gueule ! Voici le premier thème que nous aborderons :

Le suicide au travail.

Vous l’aurez noté en cette rentrée 2009, la situation économique n’est toujours pas au « beau fixe ». De plus, en date du 9 septembre, les médias se sont faits l’écho d’une vague de suicides chez France Telecom.

Nous avions entendu parler des suicides dans la police ou parmi le personnel pénitentiaire, mais on se disait qu’après tout c’était normal, la population générale ne porte pas dans son cœur ces professions, et elles sont très difficiles. Ce sont les risques du métier.

Aujourd’hui après les ingénieurs de chez Renault, c’est donc le personnel de chez France Telecom qui est frappé de plein fouet. Trop de pression au travail nous dit on laconiquement.

L’avis d’El Loco :

Je me pose quelques questions :

Le travail est-il le seul facteur qui peut pousser ces hommes à de tels gestes ? En effet les cas dont nous avons entendu parler font état de cas d’hommes et peu de femmes, des hommes dont on n’hésite pas à nous préciser qu’ils ont des familles et des enfants.

Qui sommes nous devenus pour imposer une telle pression à nos subordonnés ? Le monde du travail traverse t-il une telle crise que retrouver un emploi n’est plus possible ? Le secteur de la réinsertion et de la formation est il si peu crédible que nous préférons commettre l’irréparable plutôt que d’entamer une démarche qui nous semble sans espoir ?

L’image du chômeur, que nous serons d’ailleurs tous un jour, est elle si avilissante que nous préférons la radicalité du geste que de passer pour des fainéants ?

Avons-nous été si sourds à ce malaise que ces hommes n’ont comme autre recours que de se donner la mort sur leur lieu de travail ?

J’avoue avoir un peu de mal avec ces problématiques, cela vient peut-être du fait que j’ai choisi inconsciemment de travailler seul. Je pense pour ma part que si les français sont comme les médias nous le disent souvent, les champions du monde des anti-dépresseurs, que la consommation d’alcool augmente chez les jeunes, c’est que nous avons un problème.

De plus en ces temps de crise où l’emploi privé tend à se précariser, et que l’inactif est stigmatisé, devenir chômeur est alors insupportable.

Comme le chantait Eddy Mitchell dans sa chanson « Il ne rentre pas ce soir » qui date des années 70 :

Etre chômeur à son âge c’est pire qu’un mari trompé.

La société française, et tout ce qu’elle comporte d’échelles de valeur, en terme de culture, de pensée, d’éducation, se heurte aujourd’hui à la violence d’une globalisation économique dont elle s’était jusqu’alors protégée.

L’avis de Huig :

Deux chiffres valent mieux que tous les discours : la France monte sur le podium des plus gros pays consommateurs d’antidépresseurs et anxiolytiques (statistiques de l’OIT et de l’OMS). Elle monte également sur le podium en ce qui concerne la bonne productivité/horaire de ses salariés.

De deux choses l’une, travailler trop rend dépressif, donc suicidaire. Le raccourci est facile.

Selon un sondage récent paru dans le dernier Alternatives économiques, en Europe, les français sont à plus de 65% conscients que le travail doit apporter accomplissement personnel et reconnaissance sociale. Plus que les suédois et les allemands nos poursuivants. Ce qui coupe court aux opinions variées selon lesquelles, le français est un fainéant. Par contre, selon le même sondage, nous sommes majoritairement favorables à vouloir travailler moins pour favoriser la famille.

Alors le constat est clair. On est très productif d’un point de vue de la rentabilité horaire, ce que nous faisons nous comble de joie mais par contre, nous souhaiterions travailler moins afin de prendre moins de médicaments.

La question du suicide au travail est liée, d’une certaine manière, à ces chiffres. Le constat des nouvelles méthodes de management de certaines sociétés sont en cause. Le problème chez Renault et même Peugeot est récurent. Il en est de même au Pôle emploi qui connait également une vague importante de suicides. Les sociétés visées sont celles qui connaissent une forte pression concurrentielle ou un surcroit inhabituel d’activité.

La cause du suicide au travail semble être le seuil de capacité des salariés à supporter la pression hiérarchique ou productive. Les modes de production sont la cause de la pression au travail. Les modes de consommation sont la cause des modes de production. La psychologie du consommateur est la cause des modes de consommation. Nous sommes tous responsables des suicides liés au travail par notre activité consommatrice. C’est tout notre mode de vie actuel qui est en cause.

Un jour je rêve que les consommateurs, se découvrant des talents de citoyen, décident de faire la grève de la consommation. Rien que pour faire chier tous ces cons.

Pour info, les organisations syndicales et patronales (MEDEF, CGPME, UPA, CGT, CFDT, CFTC, FO, CGC) planchent depuis 10 ans sur la pénibilité au travail. Ils n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur un texte contraignant. Le MEDEF du CAC40 fait pression. Mais les Bernard Thibault et autres François Chérèque de pacotille ne semblent pas soucieux de faire avancer le sujet, c’est moins vendeur auprès de leurs maigres adhérents. Ils préfèrent pavaner dans des pseudos intersyndicales.

Re pour info, les AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles) représentent 11,4 milliards d’euros pour 2007 à la sécurité sociale. Soit le niveau du trou de la même sécu.

Pour moi, un grand bravo à Xavier Michel, le leader des « Conti » qui a su renvoyer dans ses cordes le Mireille Mathieu de la CGT en le traitant de « racaille » après la condamnation des casseurs de sous-Préfecture. Mort aux cons et n’oubliez pas : « On s’en souviendra ».   

L’avis de Scrupulus : 

Pour ma part je pense sincèrement que ce phénomène de suicide n’est pas « général ». Il est plutôt la résultante d’un mode opératoire pour revendiquer. Ce qu’avant un employé criait, gueulait à la tête de son collègue ou de son supérieur avec le risque d’une punition professionnelle (chômage, mise au placard etc ) ; aujourd’hui par lâcheté et pour oser avoir des couilles en solitaire on revendique de cette façon.

Je critique aussi l’argument précédent de JUIG JUIG annonçant que nous sommes productif en terme d’horaire. Pour ma part je suis persuadé que rester au travail pour rester au travail n’apporte rien à l’accomplissement professionnel. Et le mot productif est à quantifier réellement par les résultats de production à l’heure et non pas de présence.

Par contre il est clair que notre société et les grands groupes français ne sont pas prêts à éclairer à conseiller leurs salariés qui se rendent compte d’eux-mêmes qu’ils ne sont pas productifs. Je ne parle pas là de présence car justement ces mêmes salariés équationnent Présence = dévouement = Horaire = Production.

Finalement un bon coup de gueule, des aménagements du temps de travail et une productivité expliquée sont les meilleurs anti-dépresseurs…

L’avis de Huig :

Heureusement que le suicide n’est pas généralisé sinon à Waco ou à Wall Street en 1929. Un suicide sert toujours à revendiquer, à communiquer un désarroi, un cri du cœur ou un mal être. Il n’est pas lâche d’agir ainsi ami Scrupulus, il est simplement la conséquence d’une absence d’interlocuteurs crédibles pour s’exprimer. Les entreprises, à partir d’un certain seuil d’organisation, sont gérés de telle sorte que plus personne n’est responsable de rien. Dans les boites où l’on trouve un grand directeur, un directeur adjoint, un sous-directeur, un responsable, etc… les responsabilités sont diluées, annihilées, à tel point que le seul interlocuteur de l’exécutant finit toujours par être le l’assistant RH, subordonné du RRH, lui-même du DRH (dans l’organisation la plus simple).

Le mal être de ces suicidés est presque toujours l’isolement, l’absence de chaleur humaine au travail. Ce ne sont pas les plus lâches qui passent à l’acte mais les plus fragiles. Souvenez-vous de cette image forte du bonze qui s’immolait par le feu en pleine rue durant la guerre du Vietnam. Ce geste est autant une revendication ultime pour certains que la seule issue pour d’autres face à leur désarroi.

Les statistiques sur la productivité horaire de nos citoyens ne se basent pas sur le temps passé au travail (ton combat d’arrière garde sur les 35h est un autre sujet) mais sur la qualité et la quantité  du travail fourni. Les travailleurs français font partie des plus compétents ou des plus consciencieux. Tes amis qui délocalisent en Chine doivent s’en mordre les doigts lorsque certains de leurs produits (en l’occurrence des chaussures merde in China) finissent par bruler les pieds d’un paraplégique, que des voitures indiennes se démantibulent toutes seules. Les travailleurs asiatiques (du moins ceux des nouveaux pays industriels) sont faiblement ou peu qualifiés. Leur niveau de productivité relève plus de leur nombre important et de leur bas cout surtout.    

A détruire notre tissu industriel tel qu’on le fait depuis des années (Guillaume Sarkozy est le président du plus gros syndicat patronal des entreprises de confection vêtements et donc en connait un rayon sur ses bénéfices qu’il tire des délocalisations) on détruit notre savoir-faire. Les anglais ont tout misé sur les services bancaires et n’ont plus d’industries, la crise actuelle les a mis à genoux. A trop sectoriser comme le veulent les néolibéraux on fragile les Etats et leurs populations.

Ça ne m’étonne pas qu’on se suicide au travail et ça me peine. France Télécom, nos constructeurs automobile sont soumis à une forte pression commerciale européenne avec les nouveaux entrants qui sous traitent sans taxe infra-européenne (comme la Roumanie). Pôle emploi subit un surcroit de travail intolérable pour certains.

Entre le responsable inaccessible (organisation actuelle du travail) ou le patron paternaliste lequel est le mieux ? J’ai testé les deux et je n’en aime aucun car ce sont toujours des cons. L’inaccessible est un pleutre qui se cache derrière son bureau, ne vous regarde pas dans les yeux et qui fait ses coups en douce et le paternaliste vous fait croire qu’il vous considère comme son fils après vous avoir jeté à la gueule son clavier et sa souris. Le premier je l’ai fait virer, avec en prime un bon capital, après qu’il en fait autant et le second je lui ai pété la gueule.

La conclusion d’El Loco

Je pense qu’Emile Durkheim, grand sociologue et auteur reconnu sur le suicide aurait pu prendre de la graine de notre débat.

Pour moi   le suicide n’est pas dans ces cas là, un cas de lâcheté, ou de revendication.

Les rangs de CGT seraient alors décimés à chaque grande grève, perdant à chaque fois ses meilleurs éléments « syndicalistes-kamikaze » se sacrifiant pour la cause.

Pour moi la société a démesurément stigmatisé, le chômeur, et l’insoutenable pensée de perdre son travail, a raison de certains salariés.

Remarquez que ces suicides ont souvent lieu dans des secteurs que l’on ne peut pas facilement quitter, car on ne pourrait pas retrouver facilement une situation équivalente chez le concurrent, s’il en existe : designer chez Renault, Policier…

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